mercredi 5 août 2015

Live-report : We Love Green 2015

Jour 1, celui qu'on retient

The Begreening

Pour commencer la journée, les Allah-Las sont parfaits : de la surf music mélodique et remplie de fleurs, qui caressent les oreilles. On se pose dans l'herbe, un gobelet d'eau coupé à la bière dans la main, et on se laisse porter par Busman Holiday, Catamaran ou encore Worship the Sun. Malgré un son un peu brouillon, une bien belle mise en condition. On découvre ensuite l'enceinte du festival, partagée entre commerces à dominante bio et équitable, stands sponso, karaoké sous tipi (respect aux mecs qui ont chanté Take On Me comme si leur vie en dépendait) ; en plus des deux scènes musicales et du "Think Thank", scène de conférence et de débats autour de l'écologie. Situé en plein milieu d'un parc à la végétation luxuriante, on pouvait difficilement faire meilleur lieu pour célébrer le vert. On a d'ailleurs trouvé l'écolo le plus féru, qui soutient VRAIMENT la cause végétale.

Le mec pèse lourd dans le green jeu #wlg15 #welovegreen

Une photo publiée par @roulwhite le

Après avoir subi l'electro-RNB putassier de Redinho, on décide d'accorder un peu de temps à Shlohmo, qui joue la carte du live, avec un guitariste et un batteur, en plus de ses machines et de sa basse. Sans être exceptionnel, son set est agréable à écouter, le mec a l'air de kiffer ce qu'il fait et ça se ressent.

Hanni aime les sucettes

Toujours sous un soleil bien agréable, c'est Hanni El Khatib qui déboule ensuite sur la scène principale, pour jouer son rock bluesy devant une foule étrangement peu remplie. Ses premiers albums passent sans problème, bien portés par l'énergie que le gars a à nous revendre. Sur la fin, après avoir claqué ses armes fatales comme Family ou Dead Gone, il teste l'ovni disco Two Brothers. L'intention est louable, le morceau m'ayant fait suer de la raie plus d'une fois à la maison, mais le résultat n'y est pas. Problème de rythme, boucle de guitare pas calée, certaines sonorités passant carrément à la trappe. On lui en veut pas, tant le reste du set s'est montré à la hauteur - c'est à dire celle d'un rock un brin crasseux joué avec envie.

Django Django Unchained

Les Ecossais de Django Django profite de la tombée de la nuit pour promouvoir leur second album, un brin décrié bien que très bien accueilli pour ma part. En bonne tête d'affiche qu'ils sont, la foule est au rendez-vous, compacte et passionnée, certains chantant chaque parole de leurs anciens titres avec application. J'ai été très agréablement surpris de voir que leur musique est diablement dansante quand ils y mettent les moyens, les grosses machines et claviers aidant à donner un souffle électronique à leurs morceaux du premier album. Libéré de ses chaînes de premier de la classe psyché appliqué, ils partent carrément en roux libres sur des morceaux dansants à souhait, comme le First Light du dernier album, Hail Bop ou un Waveform claquant mes tympans avec finesse comme des petits culs frétillants. Le groupe prend plaisir à jouer et ça se voit, les gars passant d'un instrument à un autre avec toujours autant d'énergie. En plus du chant en duo, certaines chansons bénéficient d'une double pénétration de batterie, le bassiste accompagnant le batteur en tapant un peu partout sur ses timbales. Un grand moment, l'un des tous meilleurs du festoche.

Siriusmodeselektor, l'hydre à trois têtes

Christine and the Queens rapidement écartée ("je suis une ortie ce soir, et vous ?"), nous avons pu avoir une place de choix pour le cocktail le plus explosif de l'affiche. Habile mélange teuton d'electro hybride, de techno qui décrasse et de house colorée, Modeselektor et Siriusmo avaient suffisamment de choses en commun pour proposer le fruit de leur union en live. Putain, quel pied. Les mecs claquent tous les meilleurs titres de leur discographie respectives dans un set foutu comme un Dieu grec sous ecsta : gracieux, dévastateur et complètement perché. Les saillies de basse de Modeselektor répondent aux nappes de claviers possédées de Siriusmo pendant une heure de mix dantesque. Mes tympans ont fait un aller-retour entre mes tripes et mes oreilles toute la soirée, complètement azimutés par ce mélange parfait de violence et de mélodies barrées. Rien à redire, ces trois gars-là sont bien trop hauts pour le commun des mortels.

Jour 2, rain, park and other things

Joey Bada$$ loves green

Le second jour a commencé avec Joey Bada$$, l'enfant terrible du hip-hop US, préférant la chaleur des beats hip-hop classiques aux descentes d'organes de la trap. Grand bien lui en fasse. Première surprise, le gars commence avant l'heure prévue, ce qui m'a immédiatement valu une interrogation sur son statut de rappeur. Mais au fil des minutes plusieurs indices m'ont rassuré : le pitbull à casquette en guise de DJ, les "say OH-OH, say YEAH-YEAH", "put your hands up"... Pas de doute, le gars est bel et bien un vrai entertainer rap comme on les aime. On the Regular, Paper Trail$ et son culte "money ain't a thing if I got it", le tube dansant Teach Me et même l'excellente No 99, le gars lance tous ses meilleurs titres avec décontraction et passion. On retiendra aussi le petit big up au festival et à la mère Marie Jeanne "I love green too, but not the same green, if you know what I mean!".

Tombe la pluie, tu ne kifferas pas ce soir

Après ce bien bon set de Joey Badass, on décide de donner une chance à Daniel Avery, dont l'album m'a bien botté. Mais hélas le gars envoie du purin transe très peu recommandable en plein jour et surtout sobre, avec des rythmes monochromes me sortant par tous les trous au bout d'une demi-heure. Pour couronner le tout, la pluie s'invite alors à la fête, nous obligeant à battre en retraite pour trouver un abri sous les tipis. Un grand merci à Microsoft, qui nous a laissé nous entasser sous le sien, malgré le tout relatif sens de l'accueil de certains animateurs mal baisés. C'est sous ce même tipi que nous avons pu voir de loin le live de Julian Casablancas et ses Voidz, jouant pour une poignée d'irréductibles à parapluie bravant les conditions à présent désastreuses. Pas bien emballé par leur album, j'ai juste apprécié les remarques de Julian Casablancas, ironisant sur la météo parisienne et l'armée de panneaux solaires.

Ratatat ou bande avec les mous

Ratatat étant l'une des raisons principales de ma venue au festival - avec Siriusmo, c'est peu dire que j'attendais beaucoup de ce concert. Hélas moi qui m'imaginais deja surplomber la fosse en hélicobite, j'ai tout juste eu une demi molle timide. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, les gars jouant en général assez juste, les écrans crachant des images psyché dont ils ont le secret, avec une setlist empruntant autant à chacun de leurs 4 albums, plus quelques nouveautés comme Cream On Chrome ou Abrasive. Mais non, rien ne prend, la majorité des sons étant enregistrés et joués comme en studio, avec seulement la basse et la guitare assurées par le duo. A chaque chanson on y croit, cette-fois ça va décoller, mais rien n'y fait, la structure répétitive des titres me pétant au visage, pendant que les rythmes me font à peine hocher la tête. C'est tout net, le groupe (au moins dans cette formation-là) n'est pas fait pour la scène. Le rappel a fini d'enterrer mes espoirs : un petit afflux de sang dans le corps spongieux puis redescente, départ frustré comme un rencard restau/chandelle/cinoche/balade pour une poignée de main.


No hard feelings, malgré un dimanche en berne ce We Love Green a tenu la plupart de ses promesses, avec un trio de tête ébouriffant : Siriusmodeselektor, Django Django et Joey Bada$$.

Crédits images : WLG & Dimitri

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